1. Je n'ai nul pays 05:51
Méprisé
Dos voûté, échine courbée
Les yeux baissés
De la mémoire cherchant le reflet
Exposé
À la lutte, au sang versé
Je n’ai nul pays
Je n’ai nulle patrie
Mais j’embrasse l’espoir
D’un noir pouvoir
Je refuse les chaînes d’aujourd’hui
Je récuse ceux qui me sacrifient
Liberté flétrie
Ma carcasse, théâtre d’avanies
Essuie toutes les avaries
Et ma face durcie s’extirpe de l’oubli
Je n’ai nul pays
Je n’ai nulle patrie
Mais j’embrasse l’espoir
D’un noir pouvoir
Vos drapeaux, vos médailles : oripeaux sans entrailles
Tous mes os, sans ripaille, sous la peau me tiraillent
Je crache sur votre histoire
Écrite par des charognards
Proclamant “Victoire !”
Je crache sur vos étendards
Et votre avenir blafard
Je n’ai nul pays
Je n’ai nulle patrie
Mais j’embrasse l’espoir
D’un noir pouvoir
2. Ruines futures 04:04
Flèches tendues vers les cieux - ruines futures
Démocratie : des mots crasseux - ruines futures
La révolte des gueux - ruines futures
La gloire des ambitieux - ruines futures
Les tables de vos lois - ruines futures
Vos professions de foi - ruines futures
Soumettre et dominer
Et tout bien préserver
Derrière l’épaisseur des murs
Des ruines futures
Libérer notre stase et nos cris impuissants
En jouissant de l’extase de l’effondrement
Crépitement des fractures
Ouvrant les larges plaies
De nos vies fissurées
Ruines futures
3. L'atrabilaire 03:42
Le ciel qui s'enflamme
De nuances infâmes
Les fragrances soufreuses
Les eaux cancéreuses
Et le sentiment soudain de décliner
Les gisants morcelés
Et les foules qui s'affolent
Souffreteux laminés
Les fous dégringolent
Et le sentiment soudain de décliner
Les poisons invisibles et l'or noir des récoltes
Les raisons insipides et la mort des révoltes
Et les terres meurtries
Que nos mains lasses ne savent plus nourrir
Nos âmes grises ne savent que chérir
L'atrabilaire que nous enfantons
Et le sentiment soudain de décliner
4. Ne savoir que rester 06:49
Contempler le silence
De nos mains fatiguées
Brûlantes
Des feux mourants
Des aubes mutilées
Toujours crier l’absence
De nos voix asséchées
Grinçantes
Et lentement
Les voir se déchirer
Les aphorismes éructés
Toujours affirment
L’aveu infirme : ne savoir que rester
Accentuer la béance
Des entailles bâclées
Stridentes
Acides suintants
Pour mieux les éprouver
Aphorismes éructés
Toujours affirment
L’aveu infirme : ne savoir que rester
Ne savoir que rester
5. Les idées blanches 04:59
Royauté anémique
Gardien des pigments endémiques
Convoque le distillat souillé
De ton intelligence trépanée
Pour bâtir de nouveaux naufrages
Creuser à chaque nouveau passage
Les ornières de tes mirages
Érudition autocrate
Autosatisfaction béate
Fouille dans les batailles du passé
Exhume la fierté périmée
De tes ancêtres blancs comme neige
Et rejoins, bêlant, le cortège
Dans ta tanière tu te retranches
Pour ruminer tes idées blanches
6. Le silence ou la vie 04:53
Exhumer les vieilles rengaines
Ouvrir la plaie et s’y plonger enfin
À mains nues
À mots armés
Désacraliser le passé
Et lui faire cracher ses dents
Ses silences
Ses martyrs, ses massacres
Distiller le venin
Et attiser sous notre aile
La vengeance
La hargne et le feu
Et les bouffer pour ne pas se dévorer
Oublier les mirages des nantis
Briser les entraves
Les chaînes et l'inertie
Entendez-vous dans leurs paroles
Mugir les féroces charognes ?
Qui viennent jusque dans vos lits
Bâtir vos rêves et vos angoisses
Brûler contre l’enfer de chaque jour
En cueillir enfin les bâtisseurs
Qu’un souvenir de feu
Illumine notre époque
Le silence ou la vie
Le silence ou la vie
7. Vers jamais 08:51
Le calice vidé
Lapider l’azur oublié
Et foncer, tête baissée, vers jamais
Égarer l’abîme qui nous consolera
Ployant sous l’âge des brouillards
L’aurore convulse et l’horizon bâtard
Oublie d’enflammer son aura
Continuer
À hurler
À sombrer
À foncer
Vers jamais
Le calice vidé
Lapider l’azur oublié
Et foncer, tête baissée, vers jamais
Regards sacrifiés fixant l’opacité
Des miroirs calcinés, des futurs annulés
Continuer
À hurler
À sombrer
À foncer
Vers jamais
39:09